Le Centre Bretagne - Le Kreiz Breizh
LE PAYS D’ICI - Texte de Jean KERGRIST
Flèche curviligne, plantée dans le Centre Bretagne pour lui dire « je t’aime », le canal de Nantes à Brest prend vie sur les dernières hauteurs des Montagnes Noires. Les parois abruptes, de part et d’autre de la grande tranchée de Glomel, attestent d’un accouchement difficile. Il eut lieu au siècle dernier. Les histoires de bagnards, déserteurs de l’armée royale, qui creusèrent jadis la colline dans le lit du Korong, se colportent encore aujourd’hui jusqu’à Guerlédan, orchestrées par le vol des aigrettes et des busards. La grande étendue d’eaux tranquilles, dans laquelle se perd alors le canal, pour le plaisir des baigneurs, fait semblant d’oublier ce barrage, beaucoup plus tardif, qui en a contrarié le cours.
Schiste de Maël-Carhaix et granit de Trémargat jouent de connivence sur les façades des fermes et des gentilhommières, laissant deviner la folle sarabande du sous-sol hercynien. Alliage subtil de rigueur et de tendresse que l’on retrouve dans la danse fisel les soirs de fest-noz. Alliage devenu art de vivre chez des habitants, eux aussi pétris de contraste. Fontaines oubliées, calvaires inconnus des cartes touristiques, ruisseaux luxuriants, rochers échoués en plein milieu des champs : ce pays ne se livre qu’à ceux qui prennent le temps de le chercher.
Ici le bruit des vagues océanes ne nous parvient que feutré, enrichi de milles autres senteurs. Les embruns du large se font brumes mystérieuses enveloppant en un instant les landes de Locarn où s’ébrouent les courlis. Ici le vague à l’âme devient poésie. Armand Robin, fils de Plouguernével, écoute, dans les clapotis du Blavet, résonner le chant du monde. Glenmor, barde – prophète, éructe la parole de dignité, sans laquelle ce Centre-Bretagne ne serait que la servante trop humble, l’oubliée trop discrète, d’une Armor triomphante.
Pourquoi s’enorgueillir de nos châteaux puisqu’ils sont construits de même pierre que nos éboulis? Pourquoi se répandre en publicité tapageuse quand on possède sur les crêtes du Liscuis, cachée dans les hautes fougères, une alignée multi millénaire d’allées couvertes ? Pourquoi flécher de pancartes nos champs de blé noir quand ceux-ci s’invitent tous les jours à la table de nos auberges ? Pourquoi faire carillonner à tout va les cloches de nos chapelles alors qu’elles nous appellent à la discrétion, nichées, innombrables, au détour des chemins ?
Des gorges de Toul Goulic à l’abbaye de Bon Repos, l’habitant centre-breton, échoué en ces lieux de légendes lors de la marée première, n’est pas pressé de se dire. Le passager, pour peu qu’il respecte cette lenteur, savamment entretenue, pour peu qu’il prenne le temps de parler et de se taire, pourra s’asseoir, ami, à la table d’hôte.
Les Crêpes
En breton le mot Crêpe se dit « Krampouez ».
La Crêpe, ou Galette, originaire de Bretagne est particulièrement renommée.
Elle peut être confectionnée à base de sarrasin (Crêpes au blé noir) ou de froment (Crêpes de froment).
La Crêpe au froment est sucrée, et celle au blé noir est salée.
Les crêpes sont plus ou moins jaunes, en fonction de la quantité d’œufs utilisés dans la pâte, elles présentent de nombreuses ombres marron foncé.
En Bretagne, on confond souvent Galette et Crêpe. En fait, tout est une question de géographie et plus précisément de zone linguistique, avec d’un côté la Basse-Bretagne et de l’autre la Haute-Bretagne.
La Basse-Bretagne désigne la partie bretonnante (c’est-à-dire de langue bretonne) et s’étend, grossièrement, à l’ouest d’une ligne Saint-Brieuc - Vannes.
La Haute-Bretagne désigne la partie dans laquelle la langue parlée était le Gallo, à l’est de cette même ligne Saint-Brieuc - Vannes.
En fait, en Basse-Bretagne comme en Haute-Bretagne, il n’y a que deux types de crêpes : les salées, à base de farine de blé noir (aussi appelé sarrasin, ici à droite), et les sucrées à base de farine de froment.
En Basse-Bretagne, on parle bien de crêpes de blé noir et de crêpes au froment. Mais les hauts-bretons ont voulu compliquer les choses en affublant les crêpes de blé noir du nom de Galette alors que les crêpes de froment s’appellent simplement Crêpes !
Les choses se compliquent quand on sait que le terme Galette en Basse-Bretagne désigne autre chose, une crêpe de froment plus épaisse, légèrement croustillante à l’extérieur, moelleuse à l’intérieur.